Le Temps
- Naissance du temps
- Le temps et le ciel
-  Les planètes : Nombres du temps
- Croisements orbitaux de l'Autre (dominant) et du Même (dominé).
- Soleil, jour et nuit, l'horloge ...
- La constitution du temps

Naissance du temps p85

Quand le père qui l’avait engendré s’aperçut que le monde qu’il avait formé à l’image des dieux éternels se mouvait et vivait, il en fut ravi et, dans sa joie, il pensa à le rendre encore plus semblable à son modèle.

Or, comme ce modèle est un animal éternel, il s’efforça de rendre aussi tout cet univers éternel, dans la mesure du possible.
Mais cette nature éternelle de l’animal, il n’y avait pas moyen de l’adapter complètement à ce qui est engendré.

Alors il songea à faire une image mobile de l’éternité et, en même temps qu’il organisait le ciel, il fit de l’éternité qui reste dans l’unité cette image éternelle qui progresse suivant le nombre, et que nous avons appelé le temps.

En effet les jours, les nuits, les mois, les années n’existaient pas avant la naissance du ciel, et c’est en construisant le ciel qu’il imagina de leur donner naissance ;
ils sont tous des parties du temps, et le passé et le futur sont des espèces engendrées du temps que, dans notre ignorance, nous transportons mal à propos à la substance éternelle.
Nous disons d’elle qu’elle était, qu’elle est, qu’elle sera, alors qu’elle estest le seul terme qui lui convienne véritablement, et que elle était et elle sera sont des expressions propres à la génération qui s’avance dans le temps ;
car ce sont là des mouvements.

Mais ce qui est toujours identique et immuable ne saurait devenir ni plus vieux, ni plus jeune avec le temps, ni être jamais devenu, ni devenir actuellement, ni devenir plus tard, ni en général subir aucun des accidents que la génération a attachés aux choses qui se meuvent dans l’ordre des sens et qui sont des formes du temps qui imite l’éternité et progresse en cercle suivant le nombre.

En outre, les expressions comme celles-ci : ce qui est devenu est devenu, ce qui devient est en train de devenir, ce qui est à venir est à venir, le non-être est non-être, toutes ces expressions sont inexactes. Mais ce n’est peut-être pas le lieu ni le moment de traiter ce sujet en détail.

Le temps et le ciel p86

Quoi qu’il en soit, le temps est né avec le ciel, afin que, nés ensemble, ils soient aussi dissous ensemble, s’ils doivent jamais être dissous, et il a été fait sur le modèle de la nature éternelle, afin de lui ressembler dans toute la mesure possible.
Car le modèle est existant durant toute l’éternité, tandis que le ciel a été, est et sera continuellement pendant toute la durée du temps.

Les planètes : Nombres du temps

C’est en vertu de ce raisonnement et en vue de donner l’existence au temps que Dieu fit naître le soleil, la lune et les cinq autres astres qu’on appelle planètes, pour distinguer et conserver les nombres du temps.

Après avoir formé le corps de chacun d’eux, le dieu les plaça tous les sept dans les sept orbites où tourne la substance de l’Autre, la lune dans la première, la plus proche de la terre, le soleil dans la seconde, au-dessus de la terre, puis l’astre du matin et celui qui est consacré à Hermès, qui tournent avec une vitesse égale à celle du soleil, mais sont doués d’un pouvoir contraire au sien. p87

De là vient que le soleil, l’astre d’Hermès (Mercure) et l’astre du matin (Vénus) se rattrapent et sont rattrapés de même les uns par les autres. Quant aux autres planètes, si l’on voulait exposer en détail où et pour quelles raisons Dieu les a placées, ce sujet, qui n’est qu’accessoire, nous demanderait plus de travail que le sujet en vue duquel nous le traiterions. Plus tard peut-être, quand nous aurons du loisir, nous reprendrons cette question avec tous les développements qu’elle mérite.

Croisements orbitaux de l'Autre (dominant) et du Même (dominé).

Quand donc chacun des êtres qui devaient coopérer à la création du temps fut arrivé dans son orbite appropriée et qu’ils furent devenus vivants, avec des corps maintenus dans des liens animés, et qu’ils eurent appris la tâche qui leur était imposée, ils se mirent à tourner dans l’orbite de l’Autre, qui est oblique, qui passe au travers de l’orbite du Même et qui est dominée par lui.

Les uns décrivirent un cercle plus grand, les autres un cercle plus petit, et ceux qui décrivaient le plus petit tournaient plus vite, et ceux qui décrivaient le plus grand plus lentement.
Aussi, à cause du mouvement du Même, ceux qui vont le plus vite semblaient être rattrapés par ceux qui vont plus lentement, tandis qu’en réalité ce sont eux qui les rattrapent. Car ce mouvement faisant tourner tous leurs cercles en spirale, du fait qu’ils s’avançaient en même
temps dans deux directions opposées, faisait que le corps qui s’éloigne le plus lentement de ce mouvement qui est le plus rapide de tous semblait le suivre de plus près que les autres. p88

Soleil, jour et nuit, l'horloge ...

Or, pour qu’il y eût une mesure claire de la lenteur et de la vitesse relatives suivant lesquelles ils opèrent leurs huit révolutions, le dieu alluma dans le cercle qui occupe le second rang en partant de la terre, une lumière que nous appelons à présent le soleil, pour qu’il éclairât autant que possible tout le ciel et que tous les êtres vivants à qui cela convenait pussent participer du nombre, en l’apprenant de la révolution du Même et du Semblable.
C’est ainsi et dans ce dessein que furent engendrés la nuit et le jour, qui forment la révolution du cercle unique, le plus intelligent de tous, ensuite le mois, après que la lune, ayant parcouru son circuit, rattrape le soleil, enfin l’année, lorsque le soleil a fait le tour de sa carrière. p89

La constitution du temps

Quant aux autres planètes, les hommes, à l’exception d’un petit nombre, ne se sont pas préoccupés de leurs révolutions, ne leur ont pas donné de noms, et, quand ils les considèrent, ils ne mesurent pas par des nombres leur vitesse relative ; aussi peut-on dire qu’ils ne savent pas que ces courses errantes, dont le nombre est prodigieux et la variété merveilleuse, constituent le temps.

Il est néanmoins possible de concevoir que le nombre parfait du temps remplit l’année parfaite, au moment où ces huit révolutions, avec leurs vitesses respectives mesurées par le circuit et le mouvement uniforme du Même, ont toutes atteint leur terme et sont revenues à leur point de départ.

C’est ainsi et pour ces raisons qu’ont été engendrés ceux des astres qui, dans leur course à travers le ciel, sont assujettis à des conversions, afin que cet univers fût le plus semblable possible à l’animal parfait et intelligible et imitât sa nature éternelle.

 
Le modèle du monde étant un animal éternel, le démiurge s’efforça de rendre le monde éternel aussi, dans la mesure du possible, et lui donna le temps, image mobile de l’immobile éternité.

C’est pour cela qu’il fit naître le soleil, la lune et les cinq planètes.

Quand chacun des êtres qui devaient coopérer à la création du temps eut été placé dans son orbite appropriée, ils se mirent à tourner dans l’orbite de l’Autre, qui est oblique (c’est l’écliptique), qui passe au travers de l’orbite du Même (l’équateur) et qui est dominée par lui.

Et pour qu’il y eût une mesure claire de la lenteur et de la vitesse relatives avec laquelle ils opèrent leurs huit révolutions, le dieu alluma dans le cercle qui occupe le second rang en partant de la terre une lumière que nous appelons le soleil. C’est ainsi que naquirent le jour et la nuit.